18 juin 2025

Une méthode sans rayons X pour diagnostiquer le reflux urinaire pédiatrique 

17 min

Une approche innovante bonifie l’examen du reflux urinaire chez les nourrissons, le rendant plus sécuritaire et plus convivial.

Certains bébés souffrent de reflux vésical urétéral, c’est-à-dire que l’urine contenue dans leur vessie remonte dans les uretères et le système rénal plutôt que d’être évacuée par les voies naturelles. Or, ce reflux engendre une inflammation propice aux infections urinaires et peut, dans les cas plus graves, attenter sévèrement à la santé des reins, voire causer leur perte.

«On estime qu’un pour cent des nouveaux-nés font du reflux urinaire, souligne le Dr Bruno Morin, radiologiste et président du Comité de développement professionnel continu de la Société de radiologie du Québec. Si le problème se résorbe naturellement chez la plupart des enfants, notre but est d’identifier ceux qui nécessiteront un suivi.» 

Pour ce faire, le nourrisson est soumis à un examen radiologique inconfortable. Mais, grâce au Dr Morin, une alternative innovante est désormais à portée de main : l’évaluation par échographie de contraste. Résultat : aucun rayon X, un test plus facile à administrer et une expérience nettement plus humaine.

Inspiration européenne

Au Québec, l’examen étalon qui sert à étudier l’importance du reflux urinaire s’effectue sous fluoroscopie : le spécialiste introduit un liquide contenant un agent de contraste iodé dans la vessie du bébé à l’aide d’une minuscule sonde, puis il prend des radiographies lors de la miction. Seulement, le recours aux rayons ionisants est nuisible à lenfant, et le cadre dans lequel le test a lieu reste traumatique pour les parents. «Imaginez une salle froide, avec un nouveau-né qui pleure, ficelé à une table, et un médecin caché derrière une vitre plombée qui enjoint aux parents de porter un tablier plombé pour se protéger des rayons X», décrit le Dr Morin.

C’est par lintermédiaire de lectures que le Dr Morin prend connaissance de la méthode préconisée en Europe pour détecter le reflux vésico-urétéral chez les enfants : l’examen par échographie de contraste. L’idée le séduit. En 2022, le radiologiste, qui exerce alors à l’Hôpital de la Cité-de-la-Santé, à Laval, s’envole pour Cologne et entreprend une formation pratique dans un hôpital pédiatrique. «Cest un examen facile à réaliser et à comprendre. Cela sapparente à une échographie normale. La différence : on ajoute un produit de contraste échographique au sérum physiologique que l’on injecte dans la vessie avec une très fine sonde. Cela permet de visualiser le reflux à l’écran.»

Une expérience transformée et prometteuse

Depuis plus d’un an, une quarantaine d’enfants ont été évalués à laide de cette méthode à l’Hôpital de la Cité-de-la-Santé. De l’aveu du spécialiste, le recours à l’échographie de contraste a complètement transformé lexpérience diagnostique. « Durant lexamen, je suis assis sur la table d’échographie à côté du bébé, je réponds aux questions des parents, on jase. On est dans une salle chaude, il n’y a pas d’immobilisation forcée, le petit est calme et lon peut le couvrir sil a froid. Cela humanise considérablement le soin.»

Au point de vue clinique, les résultats sont tout aussi fiables et les avantages, notables : labsence de rayons ionisants, nocifs pour la santé de lenfant, permet de multiplier les mictions pour approfondir lexamen au besoin. De plus, le produit utilisé — de leau stérile — ne provoque pas dinconfort au poupon, contrairement au liquide visqueux et collant utilisé pour la fluoroscopie.

Selon le Dr Morin, les technologies impliquées et la convivialité du protocole ouvrent la voie à une plus grande accessibilité de ce soin. « La seule chose qui manque dans l’équation, cest la subvention de la solution de contraste pour lutilisation en milieu extra-hospitalier, insiste-t-il. Ce problème résolu, l’examen par échographie de contrastes pourrait être pratiqué en clinique par des technologues. Cela permettrait de désengorger les hôpitaux et d’offrir un cadre plus rassurant pour les familles. »