29 octobre 2025
Un système expert novateur pour prévenir les complications cardio-rénales liées au diabète
Un système expert novateur vise à optimiser la gestion du diabète pour prévenir les complications cardio-rénales
Le diabète joue un rôle important dans le développement des complications rénales et cardiovasculaires. L’apparition de telles comorbidités alourdit la complexité de la maladie et compromet sa prise en charge. Ce scénario peut toutefois être contourné en exerçant une détection précoce du diabète ainsi qu’une trajectoire de soins adaptée.
C’est dans cette optique que le Dr Houssein Madar, MD, Ph. D., endocrinologue au CISSS de l’Abitibi-Témiscamingue et chercheur associé à l’IRCM, et Nicolas Beaudet, Ph. D., chercheur associé au CHUS, œuvrent à mettre en place DiAbèTE-OPTICARE, un système expert novateur qui optimise la gestion du diabète en facilitant le repérage des patients hors cibles afin de leur offrir le suivi approprié. « Notre algorithme, intégré au dossier médical électronique (DME), fournit aux cliniciens et aux professionnels un portrait structuré de leur clientèle, ainsi que des leviers d’amélioration continue », affirme le Dr Madar.
Combiner les approches individuelles et populationnelles en pratique clinique
Bien que le diabète de type 2 relève de la médecine de famille, plusieurs personnes vivant avec cette maladie chronique sont orientées vers des spécialistes à la suite de complications pourtant évitables. « C’est une affection difficile à traiter pour les omnipraticiens, en raison des lignes directrices qui bougent rapidement avec la recherche et qui ne sont pas toujours arrimées aux règles des assurances, explique le Dr Madar. Cela provoque parfois de la confusion dans la trajectoire de soins. »
C’est à la suite d’une rencontre fructueuse avec Nicolas Beaudet que naît l’idée d’un système expert qui permettrait de gérer le diabète par sous-groupes de la population. Un projet-pilote rattaché au GMF-U de la Vallée-de-l’Or voit le jour, et le duo s’attaque dès lors à la première étape : la création d’un registre des patients atteints de diabète à travers le DME.
« Nous avons intégré au DME un algorithme qui analyse les données cliniques et en ressort des indicateurs spécifiques au diabète (suivi clinique biochimique, intervention pharmacologique et atteinte des cibles thérapeutiques) issus des lignes directrices de Diabète Canada, explique Nicolas Beaudet. Non seulement le résultat reflète avec exactitude la proportion de cette maladie dans la clientèle du médecin, mais il permet de vérifier la qualité du suivi de chaque patient. On vient corriger l’imprécision de la méthode d’identification traditionnelle, par code de vulnérabilité de la RAMQ pour des fins principalement administratives. »
La deuxième étape aura lieu en mars 2026, avec la tenue d’un atelier réflexif au cours duquel le Dr Madar présentera aux cliniciens et aux professionnels les statistiques recueillies. Le but : susciter les réactions des équipes. Les suggestions et les commentaires recensés mèneront à la dernière phase, qui consiste en la création de tableaux de bord et de plans d’action personnalisés pour chaque intervenant. « Par exemple, le médecin pourra demander à l’algorithme de lui fournir la liste des patients hors cibles et ne recevant pas les traitements requis pour leur protection cardio-rénale, tandis que l’infirmière extraira une liste de ceux ayant besoin d’un suivi de pression artérielle ou de l’hémoglobine glyquée, selon les recommandations », illustre M. Beaudet.
Vers une gestion optimale de la maladie… et des ressources
Selon le Dr Madar, un tel projet étendu à la région de l’Abitibi-Témiscamingue lui permettrait, en collaboration avec ses collègues, de supporter la pratique de plus de 200 omnipraticiens dans sa région. « Cela contribuerait à améliorer la qualité du suivi, à fluidifier la trajectoire de soins, et à inclure une composante proactive qui préviendrait les complications chez le patient, conclut l’endocrinologue. D’autre part, les statistiques générées par population et par indicateur bonifieront la connaissance des besoins sur le terrain afin d’optimiser les ressources existantes et d’en prévoir de nouvelles si nécessaire. À titre d’exemple, on pourrait planifier des formations thématiques pour mieux intégrer les lignes directrices du traitement du diabète de type 2, ou permettre aux omnipraticiens d’organiser des journées de cliniques ciblées à certains types de cas, et rejoindre les spécialistes qui feront du conseil numérique spécifique ». Une avenue de bon augure, à observer avec intérêt.
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