7 mai 2025

Faciliter la pose de cathéters par échoguidage 

5 min

Install–Vasc est un exosquelette qui facilite l'insertion de cathéters intraveineux périphériques sous échoguidage. 

Un milliard de cathéters sont posés chaque année dans le monde. Or, il faut en moyenne quatre tentatives pour réussir une insertion vasculaire, et cinquante pour cent des accès doivent être repris dans les 24 à 48 heures. Cela entraîne non seulement des retards dans la trajectoire de soins, mais aussi des complications potentielles pour le patient.

Ces statistiques ont motivé le Dr Yahia Zine, anesthésiologiste à l’Hôpital Sainte-Agathe-des-Monts dans les Laurentides, à trouver une solution.  En 2021, il crée Install-Vasc, un exosquelette facilitant l’insertion de cathéters échoguidés, et ce, dès la première tentative. « Install-Vasc offre un gain de temps et de confiance pour le soignant, il préserve le capital veineux du patient en réduisant le recours aux actes invasifs, et il contribue à une meilleure fluidité du parcours de soins », dit l’inventeur.

L’expérience en milieu éloigné

Ses vingt-cinq ans de pratique, dont plus de quinze en région éloignée, ont conféré au Dr Zine une grande connaissance des besoins dans les milieux non spécialisés. « À Amqui, par exemple, j’étais le seul anesthésiologiste. J’étais fréquemment sollicité par les équipes de première ligne pour poser des voies veineuses ou artérielles, ou pour sécuriser les voies aériennes, particulièrement dans les situations critiques.  J’ai constaté que la pose de cathéters échoguidés reste complexe pour plusieurs professionnels ». 

Soucieux de démocratiser le recours à l’échoguidage, le Dr Zine conçoit des formations pour ses collègues omnipraticiens et infirmiers, mais les résultats restent mitigés. « La technique est difficile à maîtriser et exige de nombreuses heures de formation et de pratique, explique-t-il.  Or, libérer des soignants de première ligne à répétition n’est pas souhaitable dans un contexte de pénurie de personnel et de pression clinique constante ».  Il lui faudra trouver autre chose.

Billard et Lego  

Après maintes observations et réflexions, le Dr Zine identifie trois difficultés majeures dans l’apprentissage de l’échoguidage :  réussir à stabiliser la main pour insérer l’aiguille dans le plan échographique, réduire la pression sur les structures sous-jacentes pour éviter de comprimer les veines, et, surtout, court-circuiter l’asymétrie cérébrale.

« Je suis un amateur de billard. Lorsqu’on joue, on constate facilement que le cerveau humain développe une main dominante (précise) et une main non dominante (stabilisatrice).  Or, l’échoguidage exige souvent une coordination symétrique des deux mains, ce qui va à l’encontre de notre architecture neurologique naturelle ». 

À l’aide des briques Lego de son fils, il conçoit un premier prototype rudimentaire qui vise à enrayer ces obstacles.  Puis, accompagné d’une équipe de R&D, il développe Install-Vasc, un exosquelette muni d’un bras articulé qui permet l’insertion d’un cathéter de manière sécuritaire avec une seule main, libérant la seconde main pour d’autres manipulations.

Projet pilote en centres hospitaliers

Lauréat de la quatrième édition du programme « Innovateur en résidence » de TransMedTech, le Dr Zine termine la mise en place d’un projet pilote en collaboration avec l’Hôpital Sainte-Justine et l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR).  Cette phase de validation clinique, qui clôture des années de travail et d’investissements, représente une étape clé vers l’adoption du dispositif dans les milieux de soins. 

À terme, le Dr Zine et son équipe souhaitent que leur innovation contribue à améliorer l’accès aux soins de même que leur précision. « Mon fils me dit souvent que je lui en dois une, puisque j’ai façonné une partie de mon invention avec ses Lego », rigole-t-il avant de retourner voir ses patients.