11 juin 2025
LightX : numériser l’examen oculaire pour élargir l’accès aux soins spécialisés
Comment rendre les examens oculaires accessibles à distance, avec un simple téléphone intelligent, tout en maintenant une qualité clinique optimale ? C’est le pari qu’a fait le Dr Sébastien Gagné, ophtalmologiste à Saint-Jérôme, en développant LightX, un système de téléophtalmologie innovateur qui révolutionne l’usage de la lampe à fente.

La lampe à fente, l’appareil sur lequel vous déposez votre menton lors de votre visite chez l’optométriste, est un outil central en ophtalmologie. Seulement, dans un contexte de vieillissement de la population et de rareté des ressources, les limites de cet équipement traditionnel se font de plus en plus sentir.
« On dispose d’outils numériques performants pour examiner l’arrière des yeux, mais pas pour le devant, avance le Dr Gagné. La lampe à fente reste difficile à manipuler et elle ne permet pas de photographier facilement et efficacement le devant de votre œil. C’est donc difficile de documenter un examen oculaire et d’impliquer des professionnels non initiés dans un suivi de patients. LightX permet de réaliser à distance des examens sur lampe à fente, de les numériser et de les archiver. Pour nous, c’était le chaînon manquant qui permet d’élargir l’accès aux soins oculaires spécialisés. »
La rencontre d’un photographe et d’un ingénieur
Passionné de photographie et conscient des limites techniques des systèmes existants, le Dr Gagné rêvait d’un dispositif simple et efficace qui lui permettrait de documenter visuellement certains cas pour des suivis ou des présentations scientifiques. C’est en collaboration avec Jean-Mathieu Gagnon, ami d’enfance et ingénieur, que le projet prend forme.
Le système repose sur une base matérielle adaptable : deux téléphones intelligents fixés à la lampe à fente et synchronisés afin de capter des images tridimensionnelles du globe oculaire externe. « Initialement, on souhaitait concevoir un outil qui offrirait une résolution très poussée pour analyser de minuscules particules, relate le Dr Gagné. Seulement, cela impliquait des technologies trop onéreuses. Nous avons donc changé notre approche et opté pour la stéréoscopie. En situant les choses dans l’espace avec la 3D, je peux déterminer, par exemple, si le petit point blanc est une poussière ou une cellule. »
S’ajoutent à cela des algorithmes d’apprentissage machine qui favorisent la numérisation de l’examen oculaire. « On a développé une recette pour chacune des images que l’on souhaite générer : conjonctive, cornée, chambre antérieure… Ainsi, il devient possible pour une personne qui n’est pas formée en ophtalmologie de prendre des clichés qu’un spécialiste interprétera ultérieurement », poursuit le spécialiste.
Gagner en efficacité… et en accès
Les cliniciens utilisateurs apprécient la possibilité de revoir un cas en différé ou d’interagir en direct grâce à une plateforme sécurisée. Le gain de temps et d’efficacité favorise le diagnostic précoce et une meilleure prise en charge, un avantage névralgique pour le traitement de maladies dégénératives telles que le glaucome, qui touche huit à dix pour-cent des Québécois.
Pour les bénéficiaires, cela signifie moins de déplacements. « Un patient référé qui habite à Mont-Laurier n’a plus besoin de faire quatre heures de route pour une opinion spécialisée de cinq minutes », illustre Dr Gagné.
Une vision tournée vers l’avenir
Selon Dr Gagné, la tendance est claire : l’avenir est aux cliniques virtuelles. Présentement utilisé dans une dizaine de cabinets d’ophtalmologie et d’optométrie, LightX pourrait à terme être déployé dans les cliniques d’optométrie et les urgences.
Et plus encore : grâce à l’intelligence artificielle, la technologie pourrait un jour détecter des maladies systémiques à partir d’une simple photo de l’œil. « L’intelligence artificielle perçoit des éléments que nous, êtres humains, ne pouvons pas voir. Le potentiel du big data en santé visuelle est immense », conclut le Dr Gagné.
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