4 juin 2025
L’immunothérapie à domicile pour des personnes atteintes de cancer du sang
Un nouveau protocole d’administration des anticorps bispécifiques en externe permet de traiter plus rapidement et de manière sécuritaire un nombre accru de patients atteints de myélome multiple, et ce, dans le confort de leur domicile.

Les dernières avancées en immunothérapie offrent des perspectives prometteuses pour traiter le myélome multiple, un cancer du sang incurable et très invasif. Seulement, ces traitements sont lourds et leur administration requiert une longue hospitalisation, ce qui en limite l’accès. Grâce à un protocole innovant développé par le Dr Jean-Sébastien Claveau, hématologue à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, les patients peuvent maintenant bénéficier de ces soins dans un cadre confortable, et au moment qui leur convient le mieux.
« Les anticorps bispécifiques constituent une nouvelle classe d’immunothérapie beaucoup plus ciblée et efficace que la chimiothérapie traditionnelle, se réjouit le Dr Claveau. On les utilise toutefois en dernier recours en raison de leur coût onéreux et de leurs effets secondaires importants. De plus, les risques de complications élevés impliquent une surveillance rigoureuse qui s’effectue dans le cadre d’une hospitalisation traditionnelle de deux à quatre semaines. » Une exigence qui pose problème lorsqu’il n’y a pas de lits disponibles.
Assister les patients à distance
Le myélome étant une maladie à progression rapide, il était crucial d’assurer un accès instantané au traitement dès sa prescription. S’inspirant des progrès de la télémédecine, le Dr Claveau a imaginé une alternative ambulatoire. « Au début, les patients recevaient le traitement à l’hôpital, puis retournaient immédiatement à leur domicile, se souvient-il. J’effectuais ensuite des suivis téléphoniques quotidiens auprès d’eux, et ils pouvaient me joindre en tout temps sur un cellulaire d’urgence. »
De premiers constats positifs encouragent le Dr Claveau à poursuivre le déploiement d’une unité virtuelle. On aménage des dispositifs technologiques qui relaient les signes vitaux des patients à des portails en ligne, et les équipes d’infirmières forment les bénéficiaires à l’utilisation des appareils de monitorage à domicile. « On rencontre le patient et le proche aidant, et on leur explique le fonctionnement des appareils, comment prendre la pression et la température, explique le Dr Claveau. On leur prête une tablette et un téléphone cellulaire. L’enseignement est modulé en fonction de l’âge, de l’aisance et de la connaissance de chaque personne. Ils peuvent en tout temps consulter une infirmière par téléphone ou par visioconférence. »
Des résultats prometteurs
À ce jour, une quarantaine de patients ont été traités et les résultats sont favorables. Les infirmières peuvent surveiller en temps réel les signes vitaux des patients, tandis que ces derniers apprécient le confort de leur maison. « C’est d’autant plus important lorsqu’on compose avec un cancer qui ne guérit pas. À l’hôpital, le patient est coupé de ses proches, ce qui a des impacts importants. La thérapie en externe améliore leur qualité de vie et favorise leur récupération, du fait qu’ils bougent davantage et mangent la nourriture qu’ils affectionnent. En milieu hospitalier, ça libère des ressources et allège un peu la tâche des infirmières. »
Actuellement, le protocole est utilisé à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont et fait ses débuts à l’Hôpital Général Juif. « On traite actuellement un patient par semaine, mais on souhaite augmenter la cadence et étendre l’accès aux patients traités pour des lymphomes et pour des greffes, dit le Dr Claveau. C’est grandement satisfaisant pour nous de pouvoir offrir à nos patients le meilleur traitement au meilleur moment possible, sans être limité par des contraintes de gestion. C’est gagnant ! »
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