22 mai 2025
Rendre l’espoir aux personnes atteintes de paralysie faciale grâce au MEPP
Le MEPP est un outil novateur destiné à traiter la paralysie faciale. Issu de recherches collaboratives québécoises, il utilise la réalité augmentée et se base sur des données probantes pour structurer la rééducation faciale et la rendre plus accessible.

Chaque année, près de 23 000 Québécois sont touchés par une paralysie faciale, souvent à la suite d’un AVC ou d’une paralysie de Bell. Pour ces personnes, la réadaptation est essentielle afin de retrouver leurs fonctions motrices et d’améliorer leur qualité de vie. C’est dans cette optique qu’a été développé MEPP (Mirror Effect Plus Protocol), une innovation qui aide les patients atteints de paralysie faciale à effectuer des exercices de rééducation dans le confort de leur foyer. Elle est le fruit du travail de Dr Akram Rahal, chirurgien oto-rhino-laryngologiste (ORL) spécialisé en réanimation faciale, Sarah Martineau, orthophoniste, professeure de clinique et Ph. D. en sciences biomédicales et Karine Marcotte, orthophoniste et professeure à l’Université de Montréal.
Une expertise à développer
Le projet est né d’une double réalité préoccupante : d’une part, les personnes atteintes de paralysie faciale accèdent rarement à des soins de rééducation personnalisés et prolongés ; d’autre part, les professionnels de la santé manquent d’outils centralisés et éprouvés pour intervenir efficacement.
En réponse à cette situation, Sarah Martineau entreprend un doctorat sous la direction des Drs Rahal et Marcotte. Elle s’intéresse alors à une approche émergente, mais peu documentée : la rééducation faciale par thérapie par effet miroir. L’idée ? Reproduire le côté sain du visage sur le côté paralysé à l’aide d’un miroir numérique. « Le patient fait ses exercices en contemplant son reflet, qui est celui d’un visage symétrique et fonctionnel, explique Dre Martineau. En tentant de se superposer à ce qu’il voit, et en constatant une réalisation motrice adéquate, il abandonne graduellement les comportements compensatoires néfastes. C’est la force du biofeedback visuel. »
L’apport de la réalité augmentée
L’efficacité de la thérapie miroir incite les Drs Martineau et Rahal à concevoir un outil de réadaptation basé sur cette avenue. Une première tentative basée sur l’utilisation de l’outil Webcamtoy voit le jour en 2017, mais les écueils sont nombreux. L’équipe retourne à la table à dessin et revient, trois ans plus tard avec le MEPP 1.0, une innovation qui comporte une application mobile arrimée à une plateforme en ligne sur laquelle un professionnel dépose un plan thérapeutique personnalisé. Un bémol subsiste : le rendu facial est peu optimal…
Surgit alors l’idée de consulter des experts en design humain et en réalité augmentée. Eurêka ! « Cela a donné lieu à une toute nouvelle expérience pour le patient, s’exclame le Dr Rahal. Les déformations ont fait place à un avatar de son visage beaucoup plus agréable, ce qui favorise l’appropriation corporelle et les apprentissages moteurs. »
Un outil salué ici et ailleurs
Les réactions à l’endroit du MEPP 2.0 sont fort positives. Les cliniciens apprécient un outil qui repose sur dix ans de recherche et qui facilite le suivi de leurs patients. Les patients, eux, témoignent d’une motivation accrue, adhèrent davantage au plan thérapeutique et constatent une amélioration de leur qualité de vie. Tous louent sa facilité d’accès, sa gratuité et son caractère bilingue.
À ce jour, le MEPP est utilisé par plus de 500 patients et cliniciens au Québec et compte plusieurs adeptes à l’international. Et ce n’est qu’un début : « Nous souhaitons l’améliorer continuellement, afin qu’il demeure en phase avec les données scientifiques, dit le Dr Rahal. Notre prochaine étape : y intégrer un répertoire de tous les thérapeutes intéressés par la thérapie à effet miroir afin que les gens puissent facilement recourir aux soins d’un professionnel. Les patients éprouvent souvent de la détresse en lien avec leur condition, puisque le visage est identitaire chez les humains. Il importe de rendre le MEPP accessible au plus grand nombre possible. »
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