15 octobre 2025

Virage ambulatoire : adapter le contrôle de la qualité de l’acte aux chirurgies d’un jour 

5 min

Un nouveau protocole du contrôle de la qualité de l’acte permet de mieux capter les complications qui surviennent en contexte ambulatoire à la suite de chirurgies d’un jour.

Depuis plusieurs années, le nombre de chirurgies d’un jour est en augmentation au Québec. Le succès de ce type d’intervention résulte en grande partie du suivi et de la capacité à capter les complications en contexte ambulatoire. Malheureusement, les protocoles de contrôle de la qualité de l’acte existants recensent uniquement les problèmes qui surviennent en milieu hospitalier et, conséquemment, ne reflètent que partiellement la réalité de certaines interventions.

C’est ce qui a motivé le Dr Bruno Mastropasqua, chirurgien plasticien au CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, à mettre en place un protocole novateur du contrôle de la qualité de l’acte adapté aux chirurgies d’un jour, telles que les réductions mammaires. « La cueillette de données prospectives faites directement par les chirurgiens lors du suivi postopératoire des patientes permet d’intercepter les problèmes et d’en comprendre leurs causes, ce qui contribue considérablement à l’adaptation et à l’amélioration des soins. »

Une méthode à actualiser

Traditionnellement, les informations essentielles liées à un épisode de soin en milieu hospitalier sont consignées par les archivistes dans la feuille sommaire du dossier du patient. Pièce de référence, cette dernière permet une prise de connaissance rapide de l’état de santé global du patient et assure une continuité dans la trajectoire de soins.

Lorsque le département de chirurgie a enjoint à ses différents services de réaliser des études de contrôle de qualité de l’acte il y a quelques années, le Dr Bruno Mastropasqua s’est attardé aux opérations de réduction mammaire. « Les statistiques recensées à partir des feuilles sommaires laissaient croire qu’elles n’engendraient pas — ou peu — de complications. Pourtant, les suivis réalisés en clinique externe démontraient le contraire. Visiblement, la méthode d’évaluation de la qualité de l’acte n’était pas appropriée pour ce type d’intervention », raconte le chirurgien.

En compagnie d’étudiantes, le Dr Bruno Mastropasqua a élaboré un court questionnaire standardisé qu’il a soumis à une équipe de 8 chirurgiens. Ceux-ci devaient le remplir lors des suivis postopératoires des patientes. « Certaines questions étaient d’ordre plus général tandis que d’autres ciblaient les particularités de ce type de chirurgie, explique le spécialiste. Et puisqu’il s’agit de plastie, on a aussi sollicité des données plus subjectives, comme la satisfaction des personnes quant au résultat esthétique. Ces informations ne relèvent pas de la qualité de l’acte comme tel, mais elles nous permettent de corréler le contentement des femmes et les techniques utilisées. »

Un essai concluant, un protocole prometteur

Deux étudiantes en médecine de l’Université de Montréal, Virginie Arsenault en deuxième année d’externat et Carmel Tawfik en deuxième année de médecine, ont vérifié l’efficacité de ce procédé en comparant les données recueillies à celles issues de deux autres processus utilisés par les archivistes, soit la méthode traditionnelle de codification des complications, et l’analyse rétrospective de l’ensemble du dossier médical.

Pour Mme Arsenault, les résultats sont probants : « La méthode traditionnelle affichait un taux de complication de 0 %, tandis que la cueillette prospective menée avec le questionnaire attestait d’un taux de 31 %. Quant à l’analyse rétrospective faite par les archivistes, elle faisait certes état de complications, mais elle comportait des imprécisions et des erreurs d’interprétation — par exemple, le terme ecchymose était perçu comme une complication alors que c’est une conséquence attendue en postopératoire. »

Pour le Dr Bruno Mastropasqua et Mmes Arsenault et Tawfik, la pertinence de ce protocole ne fait aucun doute. « Cette méthodologie prospective permet un contrôle de qualité de l’acte plus représentatif des résultats réels des chirurgies, conclut le Dr Bruno Mastropasqua. Il permet de cerner les problématiques en vue d’optimiser les processus et interventions. Nous en sommes à examiner si ce protocole peut s’appliquer à d’autres types de chirurgie et à d’autres spécialités. Nous l’espérons, car c’est un outil convivial, facile à implanter, et qui peut grandement contribuer à lever des drapeaux rouges. »